Julio Gonzalez, Portraits présumés de Roberta et Pilar, 1914-18

Roberta González, 1918

Roberta et Julio González, ca. 1937

Roberta González, ca. 1940

Roberta, ca. 1945-50

Roberta González, ca. 1970

Roberta González (1909, Paris-1976, Monthyon)
Roberta poursuit la vocation familiale
Roberta González est la seule fille de Julio González, née à Paris en 1909. Abandonnée par sa mère, Roberta grandit dans une enclave catalane à Paris. Comme sa famille paternelle, elle est attirée très jeune par l'art. Selon la légende, ses dessins d’enfance sont remarqués par Picasso, un ami de longue date de son père. L'un de ses dessins, réalisé en 1918, lorsqu'elle a 9 ans, illustre un article du peintre André Lhote dans la revue Les feuilles libres en 1924. Son père l’encourage dans ses entreprises créatrices. Il lui disait : « tu seras peintre et tu réaliseras en tant que peintre ce que ni ton oncle, ni moi-même, ne sommes parvenus à exprimer en peinture ».
Roberta débute sur la scène parisienne dans les années 1930. Ses œuvres étaient fortement inspirées alors au niveau de la forme et du fond de celles de son père. Des dessins au trait classique représentant des paysans et des maternités, elle passe à un style avant-gardiste, influencé par le cubisme et le surréalisme. Sa première exposition particulière a lieu en 1939 à la galerie Henriette Gomez, à côté du peintre allemand Hans Hartung. Roberta et Hans se marient la même année.
Une carrière interrompue par la guerre
Ensuite, leurs carrières et leur bonheur sont interrompus par la Seconde Guerre mondiale. La famille González-Hartung quitte le Paris occupé, ou Hartung était traqué par les Allemands, pour le Lot. Pendant cette période, Roberta réalise beaucoup de portraits de sa famille, ou alors figures féminines qui portent les traces de la violence du moment. On retrouve dans ses peintures des femmes qui s'étranglent, qui hurlent, qui implorent le ciel. Leurs formes sont déformées et éclatées par le style cubo-surréaliste que Roberta emploie, à la manière des oeuvres réalisées par son père et par Picasso pour exprimer la violence de la guerre.
En 1941, Julio González et sa femme, Marie Thérèse, regagnent Paris, afin qu'il puisse reprendre sa sculpture. Roberta ne sera pas avec son père lorsqu'il décède subitement en 1942 dans la capitale. Par ailleurs, Hartung est obligé de partir du Lot en 1943 pour éviter l'invasion nazie. Ils ne se retrouvent qu'après la guerre.
Les femmes pensives et mélancoliques de l'après-guerre
De retour à Paris après la guerre, Roberta produit une galerie de femmes pensives et mélancoliques. Ces peintures sont à l’image de l’artiste elle-même, éprouvée par les années noires de guerre et dévastée par la perte de son père.
Néanmoins, elle poursuit sa carrière. Elle fait l'objet d'expositions particulières aux galeries prestigieuses comme celles de Jeanne Bucher (1948) et Nina Dausset (1954), et elle participe aux salons parisiens et aux expositions collectives en France et à l'étranger.
Vers un style personnel entre la figuration et l'abstraction
Ses œuvres montrent de plus en plus l’influence de Hartung, chef de fil de l’Abstraction lyrique. Au fil des années, elle élabore un style personnel qui fait la synthèse des influences autour d'elle, notamment la figuration et l'abstraction. Elle atteint son style de maturité à partir de la fin des années 1950 et surtout dans les années 1960.
En même temps, elle travaille de manière infatigable à la promotion de l’œuvre de son père et plus tard, son oncle. Elle organise des expositions et fait des dons importants de leurs oeuvres à des collections en France, Espagne et à l'international.
Roberta González aujourd'hui
Aujourd’hui, ses œuvres sont conservées dans des musées et institutions importants comme le Centre Pompidou Paris, l'IVAM Centre Julio González et la Fondation Maeght.
Roberta González a fait l'objet de deux expositions importantes en 2012, à l'IVAM Centre Julio González et au musée Arts et Histoire de Bormes-les-Mimosas. Roberta González a fait construire une villa moderniste dans ce village du Côte d'Azur à partir des plans qu'elle avait elle-même dessiné.
Ensuite, une dizaine de ses peintures et dessins des années de la guerre ont figuré aux côtés de celles de son père, et de son premier mari Hans Hartung, dans l'exposition "Picasso et l'exil. Une histoire de l'art espagnol en résistance", qui a eu lieu au musée les Abattoirs de Toulouse du 15 mars au 25 août 2019. En même temps, Roberta González a fait l'objet d'une conférence au Musée de l'Armée à Paris le 15 avril 2019 sur l'impact de la guerre sur sa vie et son parcours artistique.
Bientôt, le public mexicain pourra découvrir l'oeuvre de Roberta Gonzalez lorsque l'exposition "Picasso et l'exil" sera reprise au Museo de Arte Moderno INBAL à Mexico (Mexique) à partir de juillet 2020.

Angoisse, 1936

Jeune fille pensive, 1949

Jeune fille sévère, 1937

Sans titre, 1952

Sans titre, 1939

La tâche bleue, 1956

Portrait de famille no. 2, 1969

Roberta González, ca. 1970

Sens obligatoire no. 1, 1969

Ils brillent pour tous, 1972