Julio González dans « Máscaras, » Museo Carmen Thyssen, Málaga (jusqu’au 10 janvier 2021)

En plus de ses peintures et sculptures exposées au Centre Pompidou Málaga, les résidents et visiteurs de cette ville andalouse peuvent admirer des oeuvres de Julio González au musée Carmen Thyssen, dans son exposition « Máscaras. Metamorfosis de l’identidad moderna », actuellement en cours (28 juillet 2020 au 10 janvier 2021). Avec onze oeuvres exposées, Julio González est l’artiste le mieux représenté dans l’exposition.

Cette exposition explore le rôle du masque comme élément transformateur de la représentation de la figure humaine dans l’art moderne.

Elle retrace comment le masque, accessoire conçu pour déguiser et occulter, longtemps associé avec le grotesque et la mort, comme dans Disparate de Carnaval de Goya (1815-1819), devient un catalyseur d’expérimentations et de découvertes avant-gardistes au début du XXe siècle.

En effet, l’influence des masques des cultures non-européennes, notamment africaines et océaniques, pousse les artistes au début du XXe siècle à s’affranchir des contraintes de la représentation mimétique au profit d’une simplification et une géométrisation des formes du visage qui gagne en expressivité.

Comme son ami et compatriote Pablo Picasso, l’art de Julio González reflète ce rôle central et transformateur du masque.

Le motif du masque est présent dans l’oeuvre de González à partir des années 1910. A cette époque, en plus de sa peinture, que González concevait comme sa priorité, il réalisait aussi des sculptures de petite taille, dont des masques, modelés ou en métal « repoussé ». González pratiquait alors un style naturaliste, comme le montre Masque Inquiet (1913), conçu en plâtre puis fondu en bronze.

Cependant, à partir de la fin des années 1920, lorsqu’il délaisse la peinture au profit de la sculpture, et adopte un style avant-gardiste, ses masques montrent clairement l’influence des cultures africaines et océaniques. Cela se voit dans les oeuvres de González exposées à Malaga, dont Masque rigoureux, un dessin de 1940. Le visage schématique, frontal et hiératique, est néanmoins chargé d’une grande expressivité.

Comme le montre la sélection de ses oeuvres de maturité exposées à Málaga, le motif du masque constitue un formidable champ d’expérimentation et d’expression pour González, en dessin comme en sculpture. Ses oeuvres, diverses sur le plan formel, sont imprégnées de l’humour, de la fantaisie, de la tendresse, ou même de la tragédie de la guerre.

L’exposition « Máscaras. Metamorfosis de l’identidad moderna », est en cours au musée Carmen Thyssen à Malaga jusqu’au 10 janvier 2021.