FEMME SE COIFFANT II

1934

Médium: Fer, forgé, soudé

Dimensions: 121 x 60 x 29 cm

Le thème de la femme se coiffant, que González traite déjà en fer en 1931 (Femme se coiffant I), revient trois ans plus tard dans une autre sculpture importante, intitulée Femme se coiffant II. Pourtant, il s’agit de deux œuvres très différentes.  La première provient de l’observation d’un modèle naturel dont les volumes sont analysés avec minutie, et soumis à une dématérialisation extrême, alors que les proportions du modèle restent largement inchangées. La deuxième version, en revanche, s’éloigne notamment des proportions du corps humain. La référence principale qui reste du modèle est l’articulation des hanches, représentée avec un jeu asymétrique de plans en contrapposto.

Dans les nombreux dessins préparatoires conservés de cette sculpture, nous pouvons apercevoir que, alors que l’articulation des hanches se maintient toujours comme un élément fixe, le reste de la figure se configure dans diverses variantes.  Dans la sculpture définitive, la moitié inférieure se caractérise par une austérité presque mécanique ; la partie supérieure, en revanche, est traitée avec une grande fantaisie. L’incurvation ample et ascendante qui forme les bras tenant la chevelure s’ouvre vers le haut dans une étreinte asymétrique. Le visage a disparu, même si deux yeux minuscules, évoqués par les têtes de deux clous qui ressemblent à deux antennes d’insecte, nous indiquent l’endroit où il devrait se situer.  De la forme de la tête reste un profil ovale qui s’est grandi jusqu’à occuper une grande partie de la moitié supérieure de la sculpture.

Cet ovale s’ouvre dans une étreinte ascendante.  Et, pour marquer l’ambivalence des deux arcs ouverts par le haut, González culmine ses quatre points avec des faisceaux de fines tiges qui évoquent les cheveux.

Entre les deux versions de la Femme se coiffant il y a une différence morphologique importante.  Alors que la première est construite comme un assemblage de plans matériels ou virtuels, la seconde est formée presque exclusivement par des lignes, surtout dans sa moitié supérieure.  En fait,

Femme se coiffant II est l’une des œuvres les plus emblématiques du style linéaire entrepris par González.

Comme nous pouvons le voir dans d’autres œuvres de cette époque, comme Grande maternité, réalisée en 1934, ce style correspond à ce que González baptise lui-même l’« art nouveau » de « dessiner dans l’espace ». L’expression apparaît dans son manuscrit inachevé intitulé Picasso sculpteur et les cathédrales. Voici une citation :

Comme dans l’inquiétude de la nuit les étoiles nous indiquent des points d’espoir dans le ciel, cette flèche immobile [la flèche de la cathédrale] nous en indique aussi un nombre sans fin. Ce sont ces points dans l’infini qui ont été les précurseurs de cet art nouveau : Dessiner dans l’espace. //Le vrai problème à résoudre ici n’est pas seulement de vouloir faire une œuvre harmonieuse, d’un bel exemple parfaitement équilibré… Non ! Mais de l’obtenir par le mariage de la matière et de l’espace, par l’union des formes réelles avec des formes imaginées, obtenues ou suggérées par des points établis ou des perforations, et, telle la loi naturelle de l’amour, les confondre et les rendre inséparables les unes des autres, comme le sont le corps et l’esprit.

Femme se coiffant II, c 1934

Fer forgé et soudé, 121 x 60 x 29 cm

Moderna Museet Stockholm

Texte de Tomas Llorens, traduit par Amanda Herold-Marme