LA GRANDE TROMPETTE – THE LARGE TRUMPET

1932 -1933

Medium : Iron, cast, soudé dimensions base

Dimensions : 93 x 62 x 45 cm

L’une des oeuvres les plus abstraites, à partir d’une tête humaine

Bien que le motif qui inspire cette sculpture soit une tête humaine, le processus d’analyse, dislocation et métamorphose auquel González a soumis sa forme est tellement complexe que l’on peut dire qu’il s’agit d’une de ses œuvres les plus abstraites.

Le motif de la tête humaine paraît plusieurs fois dans la sculpture métallique de González, surtout au début des années 1930. Un groupe d’œuvres que nous pouvons situer comme antécédents proches de cette sculpture sont celles que l’artiste appelle « têtes en profondeur ». Dans ces œuvres, la superposition des plaques recoupées en formes diverses et situés « en profondeur », à une certaine distance les unes des autres, permet d’apercevoir, depuis un certain point de vue et avec une illumination adéquate, des traces qui évoquent l’apparence d’une tête humaine. Il faut noter que ce que cherche le sculpteur dans ces œuvres n’est pas la description littérale d’une tête, sinon un effet semblable à la poésie, lorsqu’une conjonction de mots, sans décrire quelque chose de manière exacte, évoque un objet par un jeu de métaphores.

L’association de l’ombre et du masque

Dans deux autres têtes réalisées par González, Les amoureux I et Les amoureux II, qui peuvent être considérées comme des précurseurs de La grande trompette, le sculpteur utilise des volumes vides, capables de créer de l’ombre à l’intérieur.  Par ailleurs, il situe, face à ce fond obscur, une planche coupée dont le profil évoque la sorte de pyramide inversée formée par deux visages unis dans un baiser.  La ligne du profil et le volume de la tête s’éloignent ainsi de leur contexte naturel, mais l’évoquent poétiquement en se combinant d’une manière novatrice et surprenante.

La grande trompette nous offre plusieurs exemples de volumes avec des intérieurs obscurs, comme par exemple l’angle dièdre qui forme les deux planches les plus grandes de la sculpture, ou encore, l’intérieur des deux demi-sphères adossées chacune a une de ces planches, ou finalement, le cône étroit et long qui émerge d’une des demi-sphères. Par ailleurs, une planche coupée de forme ovale évoque, comme dans plusieurs des masques plats que González avait réalisé deux ou trois ans auparavant, la forme d’un visage humain. Dans certains des dessins préparatoires pour La grande trompette, ce masque apparaît associé avec l’ombre créée à l’intérieur de la forme conique. Néanmoins, en réalisant la sculpture tridimensionnelle, González a dissocié ces deux éléments, ombre et masque, accentuant le pouvoir énigmatique du masque, qui paraît être en train de flotter dans l’espace.

A la différence d’autres sculptures réalisées dans ces années, que González construit en combinant planches et barres de fer qui fonctionnent comme des plans et des lignes, dans La grande trompette, la composante linéaire a été réduit au minimum. Ce fait, en plus de son utilisation privilégiée de la ferraille et l’application de la soudure autogène, accentuent la texture rugueuse du matériel, conférant ainsi à cette tête une force et une densité qui font d’elle une des œuvres les plus mémorables de l’artiste.

La grande trompette, c 1933

Fer forgé, coupé, soudé, 93 x 62 x 45 cm

Collection privée

Texte de Tomas Llorens, traduit par Amanda Herold-Marme