Julio González au « nouveau » MoMA de New York

Le fameux Museum of Modern Art (MoMA) a réouvert ses portes après d’importants travaux de rénovation. L’espace d’exposition s’est agrandi, et la présentation des oeuvres a été repensée selon des considérations novatrices, d’ordre aussi bien chronologiques que thématiques.

La Tête de Montserrat criant (1942) de Julio González est désormais exposée au cinquième étage, étage consacré à l’art de 1880 aux années 1940. Elle se situe dans la galerie 522, à côté des oeuvres d’artistes internationaux, comme Alberto Giacometti et Barbara Hepworth. Toutes les oeuvres de cette galerie répondent à la guerre. Elles reflètent l’angoisse, l’incertitude et la violence des années 1930 et 1940, qui voient la montée du fascisme et l’éclatement de la Deuxième Guerre Mondiale.

Tête de Montserrat criant a été créée par González à Paris en 1942, pendant l’Occupation Nazie. Elle montre la tête d’une paysanne catalane qui crie toute la rage et le désespoir du moment. A contrario de La Montserrat combattive que González expose en 1937 au Pavillon de l’Espagne républicaine lors de l’Exposition universelle à Paris, en même temps que Guernica, le chef d’oeuvre de son ami Pablo Picasso, la figure de la Montserrat évolue après la défaite républicaine. Lorsque la guerre se répand dans toute l’Europe, et bien au delà, la paysanne combattive et forte de 1937 se transforme en femme terrifiée. Elle devient le symbole de prédilection de González pour capter la souffrance et angoisse de la population européenne entière.

Tête de Montserrat criant, fonte en bronze, est l’une des cinq sculptures et une vingtaine de dessins de González sont conservés dans les collections du MoMA. Parmi ces sculptures figurent deux fers uniques: Reclining figure (1934) et Head (c. 1935). Head a d’abord été achetée par Christian Zervos, critique et galeriste parisien qui reconnait le talent précurseur du sculpteur. Le travail révolutionnaire de Julio González est aussi remarqué de son vivant de l’autre côté de l’Atlantique, notamment par James Johnson Sweeney, conservateur du MoMA, ainsi que par Alfred Barr, le premier directeur de ce musée.

Les oeuvres de Julio Gonzalez ont figuré dans 28 expositions au MoMA depuis son ouverture en 1932, à commencer par une exposition qui a fait date, « Cubism and Abstract Art », en 1936.

Tête de Montserrat Criant, 1942, bronze. MoMA. Photo (c) Aude Hendgen.